Ce soir, on vous emmène sur la Lune ! Les chanteurs de l’atelier lyrique de l’Opéra de Paris, accompagnés de l’orchestre-atelier Ostinato revisitent l’opéra italien de Haydn, Il Mondo della Luna. Un opéra cosmique mis en scène par David Lescot et joué jusqu’au 28 juin à la MC 93, Théâtre de Tous les Ailleurs, à Bobigny.
Buonafede, père de famille, machiste et strict, refuse de voir partir ses deux filles Clarice et Flaminia et sa servante Lisetta. Or, les trois femmes sont amoureuses. Leurs amants, Ernesto et Cecco, menés par Ecliticco, élaborent donc un guet-apens visant le père. Ceci dans l’objectif de rafler sa fortune et d’épouser ensuite les trois demoiselles.
Ils le bernent en lui faisant miroiter un voyage merveilleux sur la Lune. Avec une astucieuse installation de télescope et d’écran, les comparses réussissent à le convaincre que «là-haut» les absurdités de la Terre -selon Buonafede- sont corrigées : les jeunes femmes aiment les vieillards et les hommes peuvent battre leurs femmes. Il n’en fallait pas plus à Buonafede pour décider d’emménager sur cette terre de fantasmes. C’est un peu « dans la lune » qu’il va se rendre sur une lune composée de toutes pièces par les trois malins.
Un décor système D
C’est un univers surprenant que les spectateurs découvrent. Une scène épurée, un terrain vague où s’entreposent divers objets et déchets, ainsi que la roulotte de la famille de Buonafede, sur laquelle dansent des ombres chinoises. Un décor très bricolé puisque chaque composant est issu du recyclage et les costumes sont conçus à partir de matériaux de récupération. On retiendra notamment la fameuse jupe Parasol (ou parapluie) de Flaminia. Le deuxième acte qui se déroule sur la «Lune» nous immerge dans un univers onirique teinté d’argenté, de strass et d’une blancheur éblouissante.
A travers le choix du décor, David Lescot, metteur en scène, nous montre son souci du développement durable. Il affirme son engagement politique notamment contre la surconsommation, dans la lignée de sa précédente pièce «Le système de Ponzi» qui traitait des dérives de la finance.
Une dimension politique déjà présente dans le scénario initial. En effet, dans une interview accordée à TV5 Monde, David Lescot met en avant le pouvoir d’inversion que possède la Lune dans la pièce. Sur la Lune, les pauvres deviennent riches et inversement : «les maîtres deviennent valets, les valets deviennent empereurs». Un changement total des normes. La Lune bouscule l’état des choses, les met à l’envers… ou peut-être à l’endroit ?
En bref, Il Mondo della Luna est une histoire poétique qui s’articule autour de symboles et de représentations, un scénario original s’appuyant sur un hilarant coup monté.
Si vous n’aimez pas l’opéra…
Opéra ? L’idée peut en rebuter certains notamment les plus jeunes. Et pourtant…Sachez que l’on a l’impression d’assister à une pièce de théâtre tant les chanteurs (plutôt jeunes) sont expressifs et les intonations révélatrices. Alexandre, chargé de communication à la MC93 le confirme « Je trouve que les visages expressifs des interprètes aident à comprendre l’histoire de cet opéra, sans lire en continu les surtitres en français » (ndlr : les chants sont en italien). Avec une mention toute particulière aux chanteuses, plus éloquentes que jamais !
On ne vous racontera pas comment Il Mondo della Luna s’achève. Tout ce qu’on peut vous dire, c’est que le Monde tombe littéralement en ruine !